« L’ouïe est l’un des sens les plus sollicités en milieu urbain : on parle ainsi le plus souvent des nuisances sonores, mais rarement de l’ambiance sonore, de l’environnement sonore, du confort ou la maîtrise sonore d’un espace. La qualité de vie est liée à la qualité des sons de l’environnement : ceux des autres, subis ou tolérés, et nos propres sons qui accompagnent nos activités. Toutefois la conception de l’espace habité est rarement pensée en termes d’environnement sonore et de confort sonore des habitants, or « l’architecture s’entend autant qu’elle se voit » (Ville et Aménagement Durable, 2015).
Les effets sanitaires du bruit sont de plusieurs ordres : le bruit constitue un stress, c’est une gêne qui peut se traduire par de la colère, de la frustration, du mal-être, des troubles du sommeil, tous éléments qui sont des risques, entre autres, de troubles mentaux ; inversement les personnes qui souffrent de troubles mentaux sont particulièrement sensibles au bruit. Par ailleurs le bruit peut aussi se traduire par la diminution de la performance au travail ou à l’école, la déficience cognitive chez les enfants (OMS, 2011). Les nuisances sonores sont également dangereuses pour l’appareil auditif, notamment dans le cadre de nuisances en milieu professionnel ou lors de loisirs (CNB & ADEME, 2016).
L’ensemble de ces effets sanitaires a des conséquences économiques importantes à la fois pour les entreprises, liées à la perte de productivité des salariés travaillant dans un environnement bruyant, et plus globalement pour la collectivité et les acteurs économiques en raison des frais médicaux associés (CNB & ADEME, 2016). Il existe différentes valeurs économiques pour traduire les effets sanitaires du bruit en termes monétaires selon l’effet étudié. Par exemple, le coût annuel des troubles du sommeil pour une personne exposée quotidiennement au bruit routier est estimé à 765€ (CNB & ADEME, 2016). Le même rapport (CNB & ADEME, 2016) estime le coût total annuel du bruit des transports à environ 20 milliards d’euros. »
Ces éléments sont extraits du guide « Identification des outils nécessaires à l’évaluation des impacts sur la santé, et des impacts socio-économiques associés, dans les documents de planification territoriale relatifs aux déplacements ainsi qu’à l’urbanisme et aux logements » que nous avons co- rédigé avec I Care & Consult en 2016 pour le compte du Haut Conseil de la Santé Publique (Ministère des Affaires Sociales et de la Santé). Il en ressort que la prise en compte du bruit dans les PLU est un enjeu fort pour ces documents de planification. En effet, qu’il intervienne seul ou bien qu’il s’accompagne d’autres nuisances, par exemple la pollution de l’air, le bruit a un impact prouvé sur la santé des personnes résidant et/ou travaillant sur un territoire.
Cette nouvelle mission revêt une importance toute particulière dans le cadre de l’avancement du SCoT de Marne et Gondoire et de l’évolution des PLU des 20 communes qui composent la Communauté d’Agglomération. Cette volonté de traduire au mieux la prise en compte du bruit dans les documents de planification à l’échelle communale est une initiative à saluer et c’est pour cette raison que nous sommes ravis de participer à la démarche.
Rendu final de l’étude : Décembre 2020